Association Villiéraine Historique

et Culturelle Guillaume Budé

Musée : 31, rue Louis Lenoir 94350 Villiers-sur-Marne    I     Horaires : mercredi, samedi et dimanche après-midi de 14H00 à 17H00

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Noce fugace à Noisy.


Voici l’histoire d’une célébrité venue des îles lointaines qui se maria dans notre belle région briarde. Cette très belle martiniquaise est entrée dans l’Histoire de France par la grande porte. Le destin de cette jeune créole est pour le moins singulier, car sa vie prendra une tournure extraordinaire, allant de la prison jusqu'à un couronnement solennel. Elle utilisera avec bonheur sa grâce et son charme ainsi que son pouvoir de séduction auprès de la gent masculine, ce seront là ses atouts majeurs. Elle côtoiera de très près beaucoup d’hommes de pouvoir célèbres qui ont marqué le Directoire, puis le Consulat. Elle deviendra Impératrice de France lors du sacre de son époux à Notre-Dame de Paris. Par contre, elle finira sa destinée, déchue de tous les honneurs d’antan et abandonnée par les gloires de son passé qui l’avaient adulée la veille. Chaque épisode de sa vie fut incontestablement une longue épopée romanesque.

Marie Joséphine Tascher de la Pagerie est née le 23 juin 1763 aux Trois-Ilets en Martinique. Sa jeunesse se passe aux Antilles au sein de sa famille de grands propriétaires cultivateurs de canne à sucre. Quel destin mirifique aura cette jeune femme que lui aurait prédit une voyante lorsqu’elle n’était encore qu’une enfant !


En grandissant, il fallut lui trouver un mari honorable ayant quelques titres et rentes. Les pourparlers du futur mariage de Joséphine commencèrent d’une curieuse façon. Alexandre de Beauharnais le prétendant, sollicite la main de Catherine-Désirée sa soeur, mais son courrier arrive à la fin de l’année 1777, malheureusement entretemps cette dernière décède, foudroyée par la tuberculose. Le prétendant dans une seconde correspondance accepte en deuxième choix la main de Joséphine, la soeur cadette. Après accord entre les deux parties, elle sera conduite par son père en métropole.

Le mariage sera célébré dans l’église Saint-Sulpice de Noisy-le-Grand, le 13 décembre 1779. Le couple s’installe à Paris, la jeune créole est désormais vicomtesse et elle jouit d’une aisance financière encore jamais connue. Malgré la naissance d’un premier enfant, Eugène, le 3 septembre 1781, le couple ne s’entend plus. La seconde naissance, celle d’Hortense le 10 avril 1783 n’arrange en rien les rapports matrimoniaux. Un compromis est signé devant notaire entre les deux époux laissant à Joséphine une pension de 6 000 livres, mais le couple reste marié (1).

Durant la Terreur, emprisonnée aux Carmes, elle n’aura la vie sauve que grâce à la chute de Robespierre. Son mari n’aura pas cette chance, il sera, lui exécuté en 1794 après l’implacable réquisitoire d’Antoine Fouquier-Tinville.


Libérée, elle fait rapidement partie du clan des « muses de thermidor » avec madame Tallien, étant ainsi une des ‘’merveilleuses égéries’’ durant la courte période du directoire. En ce temps-là, les moeurs sont plutôt relâchées. Peut-être est-ce le contrecoup sociétal après l’épisode tragique et sanglant dû aux amis de l’Incorruptible ? On connait la suite : présentée lors d’un dîner par Barras (un de ses amants) à Bonaparte, le Corse ne fut pas insensible aux charmes de la jeune îlienne. La flèche de l’arc de Cupidon avait frappé le coeur du général qui s’enflamma comme un fétu de paille.

Le 19 ventôse an IV (9 mars 1796) Bonaparte épouse Joséphine, veuve du Général de Beauharnais. Le jeune militaire est fou amoureux de sa belle créole. La cérémonie de mariage a lieu dans l’hôtel Mondragon, sis au 3 rue d’Antin, transformé en mairie du deuxième arrondissement de Paris durant la révolution. Barras et Tallien, les deux hommes forts du Directoire seront les témoins des époux. Brève lune de miel : Bonaparte a reçu l’ordre de quitter Paris, deux jours après son mariage pour rejoindre Nice, afin de préparer la future campagne d’Italie.

Bien plus tard après avoir été couronnée impératrice de France le deux décembre 1804, elle sera répudiée en novembre 1809. La cause principale de cette répudiation est de ne pas pouvoir donner de descendant pour assurer une lignée par de futurs petits Napoléons.

Elle vivra alors éloignée du pouvoir. En vieillissant, elle fut sujette à de nombreux malaises, elle reçoit cependant le Tsar Alexandre 1er dans le château de sa fille Hortense à Saint Leu. Le 29 mai 1814, elle décèdera à l’âge de 50 ans. L’autopsie pratiquée décèlera une pneumonie, accompagnée d’une angine gangreneuse. Clin d’oeil de l’Histoire, quelques jours avant sa mort surviendra la signature de la première abdication par l’Empereur des Français à Fontainebleau le 11 avril 1814, suivie de son départ en exil pour l’île d’Elbe. Joséphine connut donc la défaite, la captivité et la déchéance provisoire de son ex-époux. C’était il y a 210 ans.

Joséphine aura traversé six régimes : la royauté avec Louis XV et Louis XVI, la Révolution, puis la Terreur, le Directoire, le Consulat, l’Empire et même quelques jours de la première Restauration de Louis XVIII. Cette grande amoureuse sera passée des ors des palais impériaux aux cachots insalubres du Comité de Salut Public. Elle aura connu à la fois la gloire d’un sacre et l’humiliation d’une répudiation. Joséphine de Beauharnais terminera sa vie oubliée des puissants, réfugiée chez sa fille. Elle a connu, il faut bien l’avouer, une vie et un destin extraordinaires tout à fait hors du commun.


Philippe Marandon - 2025


1 - Le divorce n’existait pas encore. C’est la loi du 8 nivôse an II (2 décembre 1793) qui le codifiera.


Sources : Les mémoires de Barras Mercure de France - Joséphine et son temps Jacques Janssens Berger-Levrault 1963 - Maladies et mort de l’Impératrice Joséphine Revue du Souvenir napoléonien N° 504 / 2015 - Copie du document de l’acte de mariage : Association Noisy le grand et son Histoire – Archives : De la ville de Noisy-le-Grand. & Archives départementales du 93.


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