Association Villiéraine Historique
et Culturelle Guillaume Budé
Si Eugène Carrière m’était conté…
Le 15 avril dernier, nous avons accueilli Sylvie Le Gratiet, présidente du Musée Eugène Carrière de Gournay-
Elle nous a présenté ce peintre qui a connu une grande notoriété de son vivant mais qui est, hélas aujourd'hui, méconnu du grand public, alors que l’oeuvre d’Eugène Carrière est exposée dans les musées les plus prestigieux à travers le monde, le Musée d’Orsay, la Tate Gallery de Londres, l’Ermitage à Saint-
Eugène Carrière est né le 16 janvier 1849 à Gournay-
Marié à Sophie Desmouceaux, dont il aura sept enfants, il est contraint à des tâches diverses pour subvenir aux besoins de sa famille. Il expose néanmoins au Salon : La Jeune mère (1879), L’Enfant malade (1885), autant de symphonies domestiques, inspirées des maîtres hollandais, qui lui valent le titre un peu réducteur de « Peintre des maternités ».
Remarqué de la critique, il est introduit auprès de personnalités du monde littéraire, artistique et politique dont il immortalise les traits dans de pénétrants portraits : Verlaine, Gauguin, Daudet, Clémenceau, Rodin, Anatole France, etc. Les expositions se succèdent : première exposition personnelle en 1891 chez Boussod et Valadon, participation aux Expositions universelles de 1889 et 1900, Salon de la Libre esthétique, de l’Art nouveau chez Bing ou exposition en 1896, en compagnie de Rodin et Puvis de Chavannes.
Art de suggestion par excellence, son oeuvre évolue vers une monochromie de terre et d’ocre, inspiratrice de Picasso, qui ne retient que les jeux de l’ombre et de la lumière. Incomprise du grand public, cette lente évolution est saluée par Gauguin et Maurice Denis. Dès les années 1880, Eu-
Eugène Carrière est réputé pour ses clairs-
Témoin de son temps, Carrière participe au mouvement des idées : défense de Dreyfus au côté de Clémenceau et de Zola, émancipation féminine, etc. Jamais dogmatique, il défend un humanisme qui place l’éducation au centre des préoccupations. Il séjourne de manière régulière pendant l'été avec sa famille chez Raymond Bonheur (1861-
A l'aube du vingtième siècle, entre tradition et modernité, il devient un artiste de référence. En 1899, il enseigne à l'Académie Carrière où ses élèves, Matisse et Derain, trouvent une liberté créatrice propice à leur évolution ; ces même élèves, « les Fauves », exposent au Salon d'Automne pour lequel Carrière s'est tant battu.
Affaibli par la maladie, il s'éteint à la Villa des arts à Paris, le 27 mars 1906.
Aujourd'hui, la « Société des amis d'Eugène Carrière », à travers le Musée qui lui est consacré (5 rue Ernest Pêcheux à Gournay), fait connaître son oeuvre.
Patricia Le Berre -