Association Villiéraine Historique

et Culturelle Guillaume Budé

Musée : 31, rue Louis Lenoir 94350 Villiers-sur-Marne    I     Horaires : mercredi, samedi et dimanche après-midi de 14H00 à 17H00

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Si Eugène Carrière m’était conté…


Le 15 avril dernier, nous avons accueilli Sylvie Le Gratiet, présidente du Musée Eugène Carrière de Gournay-sur-Marne.

Elle nous a présenté ce peintre qui a connu une grande notoriété de son vivant mais qui est, hélas aujourd'hui, méconnu du grand public, alors que l’oeuvre d’Eugène Carrière est exposée dans les musées les plus prestigieux à travers le monde, le Musée d’Orsay, la Tate Gallery de Londres, l’Ermitage à Saint-Pétersbourg ou le Musée d’Art Moderne à New York.


Eugène Carrière est né le 16 janvier 1849 à Gournay-sur-Marne d’une famille d’origine flamande par son père Léon et alsacienne par sa mère Elisabeth Wetzel. Il grandit à Strasbourg où il reçoit une formation de lithographe. Contre l’avis de son père, il s’inscrit à l’École des Beaux-Arts de Paris, dans l’atelier de Cabanel et se forge une culture propre par l’observation de la nature et la fréquentation des musées.

Marié à Sophie Desmouceaux, dont il aura sept enfants, il est contraint à des tâches diverses pour subvenir aux besoins de sa famille. Il expose néanmoins au Salon : La Jeune mère (1879), L’Enfant malade (1885), autant de symphonies domestiques, inspirées des maîtres hollandais, qui lui valent le titre un peu réducteur de « Peintre des maternités ».

Remarqué de la critique, il est introduit auprès de personnalités du monde littéraire, artistique et politique dont il immortalise les traits dans de pénétrants portraits : Verlaine, Gauguin, Daudet, Clémenceau, Rodin, Anatole France, etc. Les expositions se succèdent : première exposition personnelle en 1891 chez Boussod et Valadon, participation aux Expositions universelles de 1889 et 1900, Salon de la Libre esthétique, de l’Art nouveau chez Bing ou exposition en 1896, en compagnie de Rodin et Puvis de Chavannes.


Art de suggestion par excellence, son oeuvre évolue vers une monochromie de terre et d’ocre, inspiratrice de Picasso, qui ne retient que les jeux de l’ombre et de la lumière. Incomprise du grand public, cette lente évolution est saluée par Gauguin et Maurice Denis. Dès les années 1880, Eu-gène Carrière se lie à Rodin dont il partage l’amitié et les conceptions esthétiques ; le sculpteur lui confie l’affiche et la préface du catalogue de son exposition de 1900, au Pavillon de l’Alma.

Eugène Carrière est réputé pour ses clairs-obscurs en camaïeu à dominante brune et grise, estompant les formes tout en faisant ressortir les mains et les visages. Pour obtenir cet effet, « la toile est d'aspect lisse, au rendu quasiment porcelaine, et la profondeur du regard est rendue grâce au grattage de la toile par le manche du pinceau ».


Témoin de son temps, Carrière participe au mouvement des idées : défense de Dreyfus au côté de Clémenceau et de Zola, émancipation féminine, etc. Jamais dogmatique, il défend un humanisme qui place l’éducation au centre des préoccupations. Il séjourne de manière régulière pendant l'été avec sa famille chez Raymond Bonheur (1861-1939), compositeur à Magny-les-Hameaux, qui était le neveu de Rosa Bonheur (1822-1899).


A l'aube du vingtième siècle, entre tradition et modernité, il devient un artiste de référence. En 1899, il enseigne à l'Académie Carrière où ses élèves, Matisse et Derain, trouvent une liberté créatrice propice à leur évolution ; ces même élèves, « les Fauves », exposent au Salon d'Automne pour lequel Carrière s'est tant battu.

Affaibli par la maladie, il s'éteint à la Villa des arts à Paris, le 27 mars 1906.

Aujourd'hui, la « Société des amis d'Eugène Carrière », à travers le Musée qui lui est consacré (5 rue Ernest Pêcheux à Gournay), fait connaître son oeuvre.


Patricia Le Berre - Septembre 2023


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