L’Association Villiéraine Historique et Culturelle Guillaume Budé
a présenté la conférence
« Une petite histoire de la bière », animée par Danièle Abraham-Thisse
21 décembre 2024 - Salle Émilie Carles à Villiers-sur-Marne.
D’entrée, Danièle Abraham-Thisse, notre conférencière tient à attirer notre attention sur le décorum de la pièce : huit tables de blanc nappées, installées en épi et sept places qui font face à la table de conférence, des verres, des bretzels, un peu de décoration et, trônant au milieu, des chopes de bière traditionnelles, elles-mêmes ornées de motifs qui rappellent les clichés liés à la consommation de la bière…
Pour cette dernière conférence de l’année 2024, bonne idée que d’aborder la bière comme thème de réflexion, malgré le temps et le titre : « Un demi s’il vous plaît ! Petite histoire de la bière ». La première difficulté commence avec la question : y a-t-il des zythophiles parmi vous ? D’instinct, quelques têtes s’enfoncent dans les épaules, quelques mains se lèvent et la conférencière nous explique que la zythophilie est à la bière, ce que l’oenologie est au vin.
Rappel étymologique et historique : la bière était connue il y a plus de cinq mille ans en Mésopotamie (entre le Tigre et l’Euphrate, dans le sud de l’Irak) et zythos, qui en grec signifie bière est célébrée partout dans le monde. Dans la littérature (Delerm, Joncour, Hugo, Dumas, Djian), les chansons (Brel), la mythologie et les arts (vitraux de certaines cathédrales), la peinture (Manet), elle est la rivale du vin, mais trouve des défenseurs et protecteurs comme Domitien, Gambrinus, Hildegarde von Bingen, Arnulf, un bénédictin de Soissons, le duc de Bourgogne, grâce également aux vertus médicinales (anti-cholestérol, lutte contre l’insomnie…) que l’on prête à la bière, issue de la fermentation de plantes. Lorsqu’on évoque la consommation, les chiffres sont inévitables, donnant de la réalité aux pro-pos : ainsi, pour l’Europe, le Bavarois ingurgite 245 litres de bière par an, suivi de près par les Tchèques, les Allemands et les Belges. Les Français, un petit 33 litres par an et par personne ! Bien sûr il s’agit d’une moyenne. Les producteurs nous four-nissent des surprises : la Chine produit un quart de la production mondiale avec 360 millions d’hectolitres, suivie des Etats-Unis, du Brésil, du Mexique et l’Allemagne, malgré son antériorité dans le temps (736). Trois grands groupes se partagent la production dans le monde : Heineken, Kronenbourg et Carlsberg.
Puis, Danièle évoquera les modes et processus de fabrication, l’eau indispensable (en Allemagne, loi sur la pureté de la bière, Reinheitsgebot de 1516 ) les ingrédients qui entrent dans sa composition (houblon, orge, malt, sorgho, mil ou froment qui lui donneront un goût spécifique, une amertume plus ou moins prononcée. Les ajouts (levures, fruits…) généreront des appellations diverses, de même que les lieux (abbayes, telle Orval). Elle évoque ensuite les conditionnements (canettes, bouteilles), les types de bières (de soif, doubles, triples brunes ou banches, bondes ou rousses, ambrées ou rouges ( !). La bière entre bien sûr dans la composition de recettes de cuisine : la soupe, la carbonade, la truite à la bière…) Ne dit-on pas aussi que la bière est une boisson qui se mange ? Nous terminerons par les lieux de consommation depuis les tavernes aux estaminets, en passant par les brasseries ou ces lieux réputés qui lui sont dédiés, telles les fêtes de la bière (Oktoberfest à Munich – 7 millions de visiteurs), le Mondial de la bière à Québec, les palais éponymes et les musées dédiés. Deux « arrêts aux stands » ou « travaux pratiques » ponctueront la conférence pour la dégustation des breuvages cités par Danièle, afin d’en apprécier, de façon comparative, les goûts, les amertumes, les couleurs : dommage pour les zythophobes ! Mais plus que les chiffres, c’est cette notion de rôle social de la bière qui a retenu mon attention, l’importance que cette boisson a prise dans certaines régions, voire certains pays, contribuant à l’identité de ses habitants, avec ces lieux de socialisation et d’identification.
Elle fut longtemps considérée comme boisson des humbles, opposée à la noblesse du vin pour le supplanter aujourd’hui en termes de consommation, au niveau mondial.
Si une tempête dans un verre d’eau provoque peu d’embruns, cette conférence fut comme une croisière avec escales dans une grande chope de bière en savourant l’écume des mousses.